JOËLLE ZASK
Quand la forêt brûle
Penser la nouvelle catastrophe écologique
"Le complexe industriel du feu vaut aujourd’hui des milliards de dollars et se développe plus sous l’effet d’intérêts économiques qu’en raison de considérations écologiques ou de sécurité."
"Exploitation industrielle de la forêt, plantations abusives, monocultures d’arbres à la fois très inflammables et grands consommateurs d’eau : dans ce tableau, les feux de forêts et la suppression de la biodiversité vont de pair. "
"Selon un rapport établi en 2010, les dangers spécifiquement météorologiques des feux de forêts croissent si rapidement qu’il est devenu malhonnête de mettre en doute la relation entre mégafeux et réchauffement. Le critère utilisé est l’« indice forêt météo » (IFM), qui est calculé à partir de probabilités tenant compte de données telles que la température, l’humidité de l’air, la vitesse du vent et les précipitations. Or, d’après les simulations auxquelles ont procédé les auteurs, « la valeur moyenne de l’IFM a augmenté de 18 % entre la période 1961-1980 et la période 1989-2008. A l’horizon 2040, l’IFM moyen devrait progresser de 30 % par rapport à la période 1961-2000. Certaines simulations montrent que cette augmentation pourrait atteindre jusqu’à 75 % d’ici à 2060. "
"Au fur et à mesure que les sociétés, faute de transmission et de savoir-faire, de liberté et d’autogouvernement, d’ancrage local ou de volonté, cessent d’être les partenaires actifs de la « nature », les feux gagnent en intensité. Faute de troupeaux qui broutent la végétation basse, faute de champs cultivés, de vergers, de parcelles défrichées, de débroussaillage, de brûlis, l’entretien, devenu nécessaire en raison de transformations successives et d’interactions millénaires, n’est plus assuré."